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L'histoire des Alpes de Haute-Provence

L'histoire des Alpes de Haute-Provence

Une histoire tourmentée

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Entre Provence et Dauphiné, frontalière avec le Piémont, la Haute Provence est le lien indéfectible entre haut et bas pays. Durant des siècles, c'est par elle qu'ont transité le bois et la laine venus des montagnes tout comme le sel et les épices en provenance de Méditerranée. Pays du milieu par excellence, elle connut aussi migrations et invasions de toutes sortes avant de se trouver à l'écart des grands axes de communication du monde industriel.

Le département des Alpes de Haute-Provence fut l'un des 83 départements créés à la Révolution française, le 4 mars 1790, en application de la loi du 22 décembre 1789, initialement sous le nom de « Basses-Alpes ». Le département fut constitué de la partie nord de la Provence. Il fut amputé du canton de Sault, en 1793, lors de la formation du département de Vaucluse.

De la préhistoire à l'empire romain

Les premiers habitats organisés que nous connaissions (MéaillesMontpezat) datent d'environ -3000 av.JC. Ces chasseurs et agriculteurs, en se sédentarisant, vont développer la poterie puis le culte des morts. A partir du XIe siècle av.JC,les ligures peuplent la région puis arrivent les celtes au siècle suivant. C'est le début de la civilisation celto-ligure qui, jusqu'au 1er siècle AV.JC, érigera de nombreux oppida sur les sites de hauteur (le CastellardRiez). Dès l'époque d'Auguste, les romains fondent des villes à Riez et Sisteron. Un peu plus tard, la Haute Provence est rapidement intégrée à la Narbonnaise et la vie s'organise autour de la via domitia et de voies secondaires. Au 1er siècle ap JC, la Haute Provence est entièrement romanisée et presque toutes les cités actuelles existent déjà. Le christianisme semble s'implanter tardivement. Les premiers évêques connus sont ceux de Riez (439). Mais l'empire romain se désagrège peu à peu avant de disparaître en 476. Avec lui, la Haute Provence plonge dans des temps obscurs.

Du haut Moyen Age à l'intégration au royaume de France

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Toute la Provence est sous domination barbare jusqu'à ce que, au IXe siècle, elle devienne quasi indépendante. Mais à la fin du siècle elle est ravagée par les Sarrasins qui enlèvent saint Mayeul, abbé de Cluny originaire de Valensole. Cet événement décide Guillaume comte d'Arles a engager une grande offensive contre les envahisseurs. Vainqueur, il agrandit son comté à toute la Provence en 947. Mais les aléas dynastiques conduisent à la création d'un nouveau comté, celui de Forcalquier, de 1092 à 1209. Tandis qu'en 1112 la Provence passe au comte de Barcelonnette avant de revenir à Charles d'Anjou, frère de saint Louis, en 1246. La Haute Provence angevine connaît une forte croissance démographique jusqu'au XIVe siècle où le malheur s'abat sur elle : brigandage, disettes, pestes, conflits armés… C'est une terre meurtrie qui, en 1481, rejoint la couronne de France.

De la Renaissance à la Révolution

Peu à peu, la Haute Provence s'intègre au royaume en perdant ses privilèges et en adoptant l'usage du français tout en amorçant une belle reprise économique. Elle souffre beaucoup des guerres d'Italie engagées par François 1er puis des guerres de Religion –les protestants sont ici très présents- qui voient toute la noblesse provençale se déchirer. Le milieu du XVIIe siècle connaît les troubles de la Fronde dont Aix est l'épicentre. Puis, dans les années 1690, le Piémont menace à nouveau la Provence. Il faut attendre 1713 et le traité d'Ultrech pour que l'Ubaye soit restituée à la France. Ce qui n'empêche pas de nouveaux combats dans la vallée de 1774 à 1777. A la veille de la Révolution, le pays est très pauvre : faible production agricole et artisanale, croissance de la population, absence de voies de communication… La période révolutionnaire, si elle fait naître de grands espoirs chez les édiles locaux, apporte de nouveaux troubles et la Haute Provence s'enfonce un peu plus dans le marasme économique. Si bien que Napoléon 1er de retour de l'île d'Elbe, en mars 1815, traversera le pays sans rencontrer aucune opposition.

Du second Empire à la première Guerre mondiale

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A la présidentielle de 1848, le département vote majoritairement pour Louis Napoléon Bonaparte. Mais en 1851, il refuse le coup d'état du 2 décembre. Et s'est tout un peuple qui se lève. Les insurgés prennent Digne et Barcelonnette. Aux Mées, ils affrontent les troupes du futur Napoléon III. Mais ils ne peuvent tenir longtemps et les chefs gagnent la montagne ou l'étranger. La répression est féroce : condamnations à mort ou au bagne. Les jours sont sombres d'autant que le pays est soumis à une forte immigration. De 1806 à 1906, le département perd 35% de sa population. Déjà en 1821, les frères Arnaud de Jausiers étaient partis au Mexique, inaugurant ainsi la longue migration des « barcelonnettes ». Pourtant, à la fin du siècle, la situation s'améliore progressivement: construction de routes et de ponts, reboisement, progression de l'enseignement… Mais les anciens ateliers ferment peu à peu, l'industrie est inexistante, le travail manque. La guerre de 14, en privant le monde rural de ses éléments les plus jeunes tombe comme un couperet.

Des années 30 à La Libération

Au sortir de la guerre, la Haute Provence est exsangue. Il faut attendre 1934 pour retrouver la productivité d'avant guerre en matière agricole. Cependant, les années 30 constituent une période enthousiaste : modification des mentalités, importants travaux routiers, créations de coopératives agricoles, débuts du tourisme… La Seconde Guerre mondiale met un coup d'arrêt à ce développement. D'abord occupé par les Italiens, le département est envahi par les Allemands en novembre 1942. Mais la Résistance est déjà organisée. Elle est très importante durant toute la guerre, bénéficiant d'un relief accidenté naturellement protecteur et de l'aide active de la paysannerie locale. Le 15 août 1944, le bombardement de Sisteron par les alliés pour couper le repli de l'ennemi fait une centaine de morts tandis que dans les semaines qui ont précédé les Allemands ont tués de nombreux Résistants. La quasi-totalité des Basses Alpes est libérée au soir du 19 août, mise à part la haute Ubaye, où les combats dureront jusqu'en avril 1945.

Des années 50 à aujourd'hui

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L'après-guerre est marquée par la politique des grands travaux. La construction du barrage de Serre-Ponçon en 1960 en est un bel exemple. Plus grande retenue d'eau artificielle d'Europe, le barrage produit de l'électricité mais surtout – avec la création du canal de Provence- permet l'irrigation de milliers d'hectares d'Espinasses à Avignon. Parallèlement l'agriculture se modernise tandis que la population et le nombre d'exploitations ne cesse de diminuer. L'exode rural continue malgré l'arrivée des premiers néo-ruraux dans les années 70. Les années 70 voient également la réalisation du barrage et du lac de Sainte Croix qui va amener un développement touristique sans précédent. Il faut attendre les années 80, pour voir le département se repeupler. Depuis, la progression perdure chaque année. De 1999 à 2006 l'accroissement moyen annuel de la population a été de 1,5%. En 2006, 1 habitant sur 4 des Alpes-de-Haute-Provence était venu s'y installer et la population était de 154 000 habitants. Aujourd'hui notre département reste le plus rural de la région PACA, avec 59% des habitants qui vivent en milieu rural. Mais sa composition sociologique a bien changé depuis le XIXe siècle. On ne compte plus aujourd'hui que 4,7% d'agriculteurs contre 31% d'employés et 22% d'ouvriers. Cette évolution est liée à l'installation d'industries et de technologies nouvelles, principalement le long de l'axe Durance-Bléone et à l'émergence du secteur touristique.